La clinique mobile
Une clinique mobile est, par définition, temporaire. Tous les médicaments et instruments sont empaquetés dans des boîtes et sont transportés là où le besoin s'en fait sentir. Elle peut se tenir dans une maison pour enfants des rues une fois par mois (Rumah Nur Salam) comme dans un village à 8h de marche d'une route cabossable.
Evidemment, dans notre cas, ça implique que les boîtes étaient transportées à dos d'homme. C'est là que l'économie locale et les porteurs rentrent en action. Ca m'a un peu hérissé la première fois, quand j'ai entendu qu'on aurait des porteurs. De un, je suis capable de porter mon sac. De deux, c'est facile d'associer l'image des porteurs à des idées de servitude et, par là, d'esclavage ou de colonisation. Mais c'est leur manière de faire vivre leur famille, qui suis-je pour venir révolutionner le mode de vie des gens ? On est là pour guérir, et il faut bien les porter ces boîtes...
La clinique avait donc lieu dans un lieu commun à chaque fois. Un hangar communal, le hall du village, l'école, la maison où l'on dormait... On utilise ce qu'on a et la configuration des lieux pour arranger au mieux l'espace. Là, à l'entrée, l'inscription des patients, la prise de poids et de taille. Là-bas, les médecins, avec les chaises à côté pour patienter. Là, deux chaises pour que Jeremy fasse son boulot d'ophtalmo. Une pièce à l'écart pour les consultations gynéco. Les dentistes, toujours dehors pour que les patients puissent cracher et pour un accès plus facile aux points d'eau. Les pharmaciens sur une table là où il restait de la place...
On s'installait toujours assez rapidement, au final. Les 5 premiers patients arrivaient généralement lentement et tout d'un coup, c'était comme si le village entier débarquait. Patient après patient, famille après famille, ribambelle de gamins après ribambelle de gamins. Dans les deux villages de forêt, quelques fratries sont venues sans leurs parents, l'aîné(e) souvent dans les 12-13 ans prenant soin des plus jeunes.
Inscription des patients à Kg Terian (3è village)
(C) Radzi
Autonomes, les enfants...
(C) Radzi
Moi à prendre la taille d'un des enfants
Kg. Buayan (2è village, 3è journée)
Et tu pèses combien, toi? Exemple typique d'une fratrie venue sans parents
(C) Radzi
A l'inscription, chacun recevait un numéro. S'ils avaient moins de 40 ans et qu'il n'y avait pas beaucoup de monde dehors, on les envoyait directement vérifier les dents chez les dentistes. Au-dessus de 40 ans, il fallait vérifier la pression d'abord, en cas d'arrachage de dents (et de saignement donc). Il y a eu beaucoup d'extractions de dents, à cause de caries et d'abcès en tous genres. Apparemment, la nourriture qu'ils mangent est dure aussi, parce que leurs dents sont abîmées.
Au premier village, on a dénommé les dentistes les tortureurs, à cause des cris des gamins. C'est pas faute d'anesthésie pourtant ! Au deuxième village, ils ont dessiné des visages sur leur masque et tout d'un coup, les enfants ne pleuraient plus. Ou alors c'est juste que ceux de la forêt sont plus durs à la douleur... :)
Arrivée du patient le plus cute possible, à Kg Tikolod (1er village)
Montre moi tes dents, comme un tigre, grrrrr
Hop montre l'exemple
Et maintenant fais aaaaaaaaaaaaaah
Observant ce qui se passe chez les dentistes
Des tortureurs, on vous dit... Shu Woan et deux édentées
(Kg Buayan)
J'ai sérieusement jamais aimé les dentistes...
Mais bon, y'a des exceptions :)
K.A (Khairul Anwar)
Et ca travaille dur...
On met les pharmaciens dans le trip...
K.A dessine sur le masque de Cheryl, avec un crétin de Nuzul en arrière-plan
Les dentistes ont mis l'ambiance pendant toute la mission, au cas où vous ne l'auriez pas deviné :)
Après, évidemment, il y avait donc Jeremy, qui faisait lire les gens pour leur donner des lunettes en cas de presbycie. Le problème, c'est que certains voulaient des lunettes "parce que le voisin en a eu, je peux en avoir aussi ?". Et la plus petite ligne, c'est pas grave s'ils ne peuvent pas la lire, c'est à partir de la 2è qu'on peut envisager les lunettes. Mais, évidemment, s'il y a une ligne qu'ils ne pouvaient pas lire, c'est difficile de leur expliquer que les lunettes n'étaient pas obligatoires...
Les lunettes à distribuer
Jeremy et un des patients à Kg Buayan
Pendant ce temps-là, les numéros se faisaient appeler chez les médecins. Les maux les plus courants prenaient mal de tête, manque de vitamines diverses, mal de dos et problèmes gastriques. Des gens normaux avec des problèmes normaux :)
L'attente pour le médecin, à Kg Tikolod
Et donc j'ai mal à la tête
Intreprête requis pour interprêter du Dusun au Malais (certains des tribus ne parlent pas vraiment Malais car ils ne quittent pas la forêt plus que nécessaire). Déva au travail...
La file d'attente s'allonge, embouteillage...
Kg Tikolod
Dr. Edwyn se déplace pour un patient qui ne peut pas marcher
Trop d'émotions...
Traduction en cours à Kg Buayan
Et finalement, on avait donc les pharmaciens. Lorsque je les ai aidés au premier village, j'ai passé mon temps à compter 30 gélules de multi-vitamines et à les mettre dans un sachet. Ca partait aussi vite que je les faisais...
Les pauvres étaient un peu robotisés à la fin de chaque séance, répétant les même phrases encore et encore. Ce n'est qu'à la fin de la mission aussi qu'on a compris qu'une cuillère à thé n'existait pas comme mesure dans les villages et qu'ils n'avaient qu'un type de cuillère : celui de la cuillère à soupe, modèle asiatique... Leur air d'horreur quand ils ont compris que tout le monde allait prendre trop des médocs...
La table de médicaments à Kg Tikolod
Calvin donnant les instructions
Cheryl
Le regard du ptit bout...
On avait aussi Rolend et Kimberley qui donnaient des petits discours sur la leptospirose, le nettoyage de mains, de dents, etc, etc. Au final, c'était un chaos organisé, avec chacun qui savait où était sa place et espérait qu'on ne serait pas débordé... :)
Kg Tikolod
L'heure de rentrer à la maison...
Et c'est bien parce que j'étais un peu fatiguée à la fin de la 3è clinique :p
(C) Radzi